The grass was greener...
Apres une brève
entracte Bolivienne ( La Paz, Cochabamba et Sucre), on continue a remonter le
temps pour arriver à mi-mars.
Heifer
International fonctionne de manière relativement décentralisée : Les
bureaux principaux situés en Arkansas réunissent tout l´argent récolté par les
bénévoles et membres de Heifer et le redistribuent sous forme de budgets pour
des projets déterminés aux 50 antennes situées dans le monde entier. Pour
récolter cet argent, rien de tel que de donner a voir aux futurs donateurs ce
que Heifer va faire de leur argent, et donc de leur parler des projets, des
personnes aidées… Cela peut passer par les histoires de vie, raconter les
cérémonies de « pass on the gift » a savoir quand les familles a qui
Heifer a donné des ressources les partagent avec d´autres familles, mais aussi
par des petits documentaires relatant la vie quotidienne de personnes faisant
partie du projet afin de voir quel est son impact réel.
Le 12 mars sont
donc arrivés de Los Angeles Steven(metteur
en scène) , William (producteur), Jacek ( cameraman) , Pedja ( assistant
cameraman et photographe) , et Susumu (assistant son. A peine arrivés à
Juliaca, ville sans intérêt particulier a une heure du lac Titicaca, en route
pour la région de Moho, et plus précisément la communauté de Altos Huayrapata a
4200 m d´altitude au nord du lac Titicaca. Inutile de dire que nos pauvres américains
ont eu du mal a supporter ce brusque changement de milieu (passer de 0 a 4200m
d´altitude n´est pas de tout repos, le sorroche
fut violent pour certains d´entre eux) , d´autant plus que la communauté est
fidele a son nom ( Huayrapata signifie la plaine dans les montagnes ou souffle
le vent en Aymara)…
Le but de la
visite ? Filmer la vie quotidienne de Irma Rojas, une comunera de 32 ans,
deux enfants et aidée par un projet de Heifer dans la zone. Ce projet «
égalité des genres et leadership pour le développement des communautés du Pérou »
intervient dans différents domaines et inclut entre autres des ateliers pour
l´égalité homme-femme, d´auto estime, aide a la construction de maisons et
cuisines améliorées…
Chaque matin,
debout 4h avec le soleil, le temps d´avaler un café et au travail ! Irma
part pour les pâturages situés un peu plus bas pour emmener ses quelques
alpagas, vaches et moutons brouter toute la matinée. Ensuite, retour à la
maison ou il faut cuisiner, s´occuper des enfants, assurer la permanence de
vente de fromage… Mon rôle dans le
tournage de tout cela ? Traduction, cuisine, baby sitting…
C´est en vivant
au quotidien avec les gens que l´on se rend vraiment compte de la réalité d´un
pays. Un élément m´a attiré l´attention : les enfants. Pas de wii ou de TV
pour eux bien sur, juste des champs, des animaux, parfois une peluche. Ils ont
d´une joie de vivre et d´une vivacité contagieuse, s´émerveillant de peu et
courant dans tous les sens (difficile de jouer au loup avec eux, a 4200m
d´altitude, c´est une bonne excuse pour perdre !)
Durant notre présence, Irma a également participé à un congrès de femmes organisé par l organisation régionale des femmes de la province de Moho en partenariat avec Heifer. L´occasion pour moi de continuer avec mes histoires de vie et rencontrer la présidente de l´organisation des femmes du district de Huarapata, Lidia Molleapaza.
Lidia a
25 ans, et participe au projet depuis environ neuf fois. Sa maman étant malade,
elle a du quitter l´école à 14 ans pour s´occuper de ses frère et soeurs. Juste
après, elle est tombée enceinte de son premier enfant et s´est mariée ensuite a
15 ans et demi. Son mari voulant étudier, elle n´a pas pu reprendre les études
et est restée chez elle a rêver de jours meilleurs. « Le pires est que aujourd´hui mon mari
de travaille pas et dépense le peu d´argent qu´on a. » confie- t- elle
avec une pointe d´amertume. Aujourd´hui elle porte dans ses bras son troisième
enfant et veut faire autre chose de sa vie que de rester chez elle. « le
projet m´a montré que en tant que femme j´ai des droits, et avant je ne
comptais pour rien. Aujourd´hui je sais que je peux faire quelque chose de ma
vie » rajoute t- elle avant de se taire parce que son mari vient s´assoir
avec nous. A partir de ce moment, impossible de dégager plus d´information, et
j´ai du dire au mari de nous laisser parce qu´il répondait a sa place….
Femmes de Moho , vue sur le lac Titicaca et arrivée a Altos Huayrapata
Les projets « sociaux » sont les plus délicats. D´une part parce qu´il est difficile d´en évaluer les progrès et d´autre part changer les habitudes de vie, les pratiques et les mentalités demandent énormément de temps
Apres- midi à l´école et banquet d´accueil a Altos Huayrapata